« Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus »

(Ralph Waldo Emerson)

Alors que les plantations vont bon train dans nos jardins, et que le gazon commence à être haut, je vous invite en ce mois d’avril à reconsidérer nos pratiques de désherbage et de tonte.

Certaines espèces spontanées sont nuisibles pour leurs voisines que vous bichonnez, car elles les envahissent ou les étouffent. Mais si l’arrachage régulier et la mise en place d’un paillage limitent nos frustrations, gardons aussi à l’esprit que ces « intruses » traduisent par leur présence leur adéquation naturelle avec leur milieu. Pissenlits, pâquerettes, coquelicots, mouron rouge ou blanc, pourpier, boutons d’or…sont souvent « bio-indicatrices », c’est-à-dire qu’elles révèlent la nature de votre sol (tassement, excès ou carence en pH, calcium, azote…). Apprenons donc à les reconnaître. Ne les arrachons ou ne les tondons pas toutes ! Sans compter qu’elles fournissent souvent un abri à des insectes qui nous aident au jardin, les « auxiliaires » : par exemple, les orties sont un réservoir de pucerons pour les coccinelles. Pour certaines, elles sont même comestibles !

Ces plantes spontanées aèrent également le sol grâce à leur système racinaire, et au final, viennent l’enrichir en humus.

Selon la taille de votre espace extérieur, je vous conseille donc de laisser des zones plus libres, dans lesquelles cette biodiversité naturelle sera maintenue. Optez pour une tonte moins rase (pas moins de 8 cm), et pour des zones moins tondues, qui deviendront des petites « prairies fleurie » colorées et vivantes. 

Vous pourrez d’ailleurs encourager cette biodiversité en semant à la volée des mélanges de graines de fleurs dans ces espaces.
Zone tondue et prairie après semis de Phacelia tanacetifolia.

Un conseil lecture pour entrer avec poésie et humanisme dans cette démarche : Hubert Reeves « J’ai vu une fleur sauvage » (Seuil)